Par ß. le lundi 29 janvier 2018, 14:09
Le plan Internet Départemental de la Vienne
« En
1986, nous avons pris en charge les collèges et avons mis en place le plan
imaginatique de grande envergure à l'échelle de tous les collèges avec antennes
paraboliques, informatique, magnétoscopes, laboratoires de langues, etc. Tout
ce qui pouvait exister sur le marché, les collèges l'ont eu.
M. Monory décida alors d'aller encore plus loin en mettant en place un plan de
déploiement envers toutes les écoles tout en maintenant son effort à
destination des collèges. On a toujours continué, toujours rajouté de l'argent,
près de 120 millions de francs depuis 1983.»
Entretiens del'auteur
avec Patrick Pichon Responsable de
la Direction à l’Education du Conseil Général de la Vienne
2001
Ayant quitté le ministère de l’éducation nationale qu’il
occupa de 1986 à 1988, René Monory décide alors de mener à bien de nouvelles
actions dans le département de la Vienne :
« Ministre au chômage dès 1988, j'ai persévéré
dans mon projet en le mettant en œuvre dans le département de la Vienne. Deux
axes principaux ont guidé mon action : généraliser les nouvelles technologies
de l'information et de la communication dans les établissements scolaires,
soutenir l’enseignement supérieur et la recherche pour en faire un vecteur de
développement économique et territorial.
Premier chantier : les NTIC. En 1989, 50 % des écoles du département étaient
équipées d'un ordinateur au moins. Aujourd'hui (2004), 80 % des établissements,
y compris les maternelles, sont équipés. La même année, le conseil général
décidait d'équiper toutes les écoles d'une antenne parabolique pour leur
permettre de se brancher, via le téléport du Futuroscope, sur le monde,
d'échanger avec des spécialistes étrangers, de dialoguer avec d'autres classes.
L'interactivité, la possibilité de dialoguer en temps réel avec un professeur,
un chef d'entreprise, un artiste installé à l'autre bout de la planète n'étonne
plus les enfants de la Vienne. »
MONORY René, La
volonté d’agir, Paris, Odile Jacob, 2004
La période 1989-1996 vit donc la mise en place du
« Second Plan Informatique à l’Ecole ».
Entre 1989 et 1996, le département de la Vienne
engagea le « Plan Imaginatique Collèges», équipant
45 collèges publics et privés de matériels faisant appel à la vidéo,
l’informatique, la télématique, la robotique ; le « Plan Départemental d’Antennes
paraboliques » destiné à bénéficier de transmissions en direct de
conférences interactives ayant lieu au C.N.E.D. de Poitiers, par un relais
satellite, via le Téléport du Futuroscope ; les Plans d’Equipement
Informatique déployant 1000 ordinateurs et 135 imprimantes dans les
collèges avec un minimum de 22 micros PC par établissement.
Mentionnons également le Plan câblage, les Plans
Langues, Logiciels, Télécopie ainsi que le plan d’équipement informatique et
multimédias des Centres de Documentation et d’Information des collèges.
De plus, de nombreux projets pédagogiques présentés
par les établissements furent également financés chaque année.
Ce second plan mené par le Conseil Général intégra à
nouveau le fait que, comme par le passé, la formation préalable des
maîtres, cofinancée par le Département et l’Etat, était une condition utile et
nécessaire à la réussite de l’action.
Dés les premiers plans de 1983, en effet, le
déploiement du matériel ne s’était pas effectué sans une formation concomitante
des principaux utilisateurs du matériel fourni, en l’occurrence, les
enseignants du département. René Monory nous rappelle d’ailleurs que dés 1983,
« nous avions défini trois conditions à la réussite de notre « plan
informatique à l'école » : disposer de l'accord des maires qui devaient
financer 50 % de l'équipement, placer les ordinateurs en libre accès en dehors
des heures de classe, élaborer un plan de formation des instituteurs. Au début,
les instituteurs, qui se sentaient mis en cause par l'outil, hésitèrent à
suivre les formations financées par le conseil général et animées par
l'inspection d'académie. »
La « culture informatique » prenait
subrepticement toute son ampleur dans le département en général et dans les
établissements scolaires en particulier.
« Pour la mise en oeuvre, il fallait
initier les enseignants. C'est le département qui prit en charge les heures de
formation. Nous étions au tout début des années 80, en 1982 je crois. C'est
dire ma surprise lorsqu'un collègue président du conseil général d'un
département alpin se flattait récemment d'avoir, à la fin des années 90,
informatisé ses écoles, je rappelais alors à l'ensemble de nos collègues la
date à laquelle la Vienne avait créé l'informatisation de ses écoles et de ses
services. » GRANDON Jacques, René
Monory, Un homme, une œuvre, Poitiers, Michel Fontaine Editeur,
2002
Ce plan coïncida avec la prise de pouvoir définitive
de l’univers du PC dans l’informatique personnelle, rendant d’ailleurs
totalement caduques la quasi-totalité des équipements issus du Plan national
Informatique Pour Tous de 1985. Seules quelques multiprises furent recyclées.
Les antiques Thomson MO5, TO7, les « têtes de nano-réseau» et les
cartouches LOGO, matériel souvent inscrit à l’inventaire des communes,
hantèrent de longues années les placards, voire les caves et greniers des
écoles …
Dans la période 1989/1996 ce second plan
informatique permit d’équiper environ 90 % des écoles primaires de plus de deux
ordinateurs en moyenne pour chacune d’entre elles, soit un total de 600
machines.
L’ambition déclarée du dispositif était que chaque élève,
tout au long de sa scolarité,
dispose d’un accès aux technologies de l’information et de la communication,
perçues comme instrument de transformation et d’amélioration des pratiques
éducatives.
Les motivations affichées de ce plan se situaient
aux carrefours des impératifs techniques, de la compétitivité économique et
technologique et de l’enseignement. Une familiarisation dès le plus jeune âge
avec un outil qui semblait s’imposer aussi bien dans l’univers professionnel,
qu’universitaire ou administratif pouvait permettre à terme de créer un bassin
de main d’œuvre rompu à l’utilisation des nouvelles technologies et ainsi
favoriser l’implantation de nombreuses entreprises du secteur tertiaire,
attirées par le Futuroscope et son aire, navire amiral des Nouvelles
Technologies dans le département.
« Riche de ces premières expériences alors
que j'étais aux commandes de la rue de Grenelle en 1987, l'ordinateur ne
m'apparaissait évidemment pas comme une fin en soi, encore moins un objet
d'enseignement. Il ne s'agissait pas d'équiper les écoles en ordinateurs pour
faire chic et moderne. Il fallait d'abord réfléchir aux objectifs pédagogiques,
donc aux contenus. Car l'informatique est davantage qu'un simple outil. Il
permet d'acquérir de manière autonome, chacun à son rythme, des enseignements
théoriques tout en développant son sens de l'action, de la déduction, de la
quête, bref sa propre capacité d'adaptation. »
MONORY René, La volonté
d’agir, Paris, Odile Jacob, 2004
En Juin 1997, le Conseil Général de
la Vienne décida de la mise en place d’une première phase d’un
« Plan Internet Départemental.»
Durant cette première phase, plus de 800 machines furent
livrées entre Septembre 1997 et Janvier 1998. Le département de la Vienne dota ses 460
écoles, publiques (421) et privées, d’un ordinateur Pentium 200 MMX, d’une
imprimante couleur à jet d’encre et créa cinq Centres de
Ressources, répartis géographiquement dans le département sur les
communes de Montmorillon, Poitiers, Loudun, Châtellerault et
Vivonne.
Le Conseil Général, décida alors en Avril
1998 de déclencher une seconde phase de son plan
d’informatisation des collèges et des écoles.
La partie du plan à destination des écoles permit
l’acquisition de plus de 800 machines supplémentaires s’accompagnant de la
fourniture de logiciels pédagogiques pour les différents niveaux
d’enseignement, d’expérimentations de téléchargement satellitaire via la chaîne
TV « La Cinq», d’amélioration des serveurs d’hébergement et de la
poursuite du Plan Informatique à l’Ecole, permettant un cofinancement à hauteur
de 50% pour du matériel informatique à destination des écoles.
Un sixième Centre de Ressources Informatique fut créé et
équipé à Civray, dans le sud du département.
Parallèlement les 45 collèges disposèrent d’un
complément de dotation et d’un équipement de visioconférence.
(suite...)